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French to Chinese: L’expérience de l’Art Theatre Guild (ATG) General field: Art/Literary Detailed field: Cinema, Film, TV, Drama
Source text - French L’expérience de l’Art Theatre Guild (ATG)
L’année 1960, l’industrie cinématographique japonaise atteint son sommet en tant que moyen de production de divertissement de masse : 574 films sortent sur les écrans. Avec six grandes compagnies et une moyenne de 2 nouveaux films par semaine, la machine tourne à plein régime, soutenue par le star-system et par l’intégration verticale de la production et de l’exploitation des films. Mais juste après ce moment de pléthore, la crise survient, et c’est le système tout entier qui s’effondre dès le début des années 70. Cette crise de l’industrie cinématographique japonaise des années 60 a cependant été un terrain propice à l’éclosion de nombreux jeunes créateurs, lesquels, moyennant des budgets réduits, se sont affirmés avec la réalisation d’œuvres très personnelles. Et c’est dans ce contexte qu’est née la société de production et d’exploitation de films dite Art Theatre Guild, ou plus couramment : ATG.
Le quartier général de l’ATG était un petit cinéma du quartier tokyoïte de Shinjuku appelé Shinjuku Bunka. Je conserve personnellement des souvenirs très intenses de ces années d’activité de l’ATG, entre 1962 et 1974. J’étais collégien, puis lycéen. J’écoutais du free jazz, je lisais le petit livre rouge de Mao, et j’allais voir les films projetés par l’ATG dans ce petit cinéma. J’y ai découvert Godard, Parajanov, Fellini, Bresson, et bien d’autres encore. C’était à chaque fois des expériences absolument saisissantes. Je regardais aussi bien sûr les films des cinéastes japonais : Nagisa Ôshima, Kijû Yoshida, Hani Susumu, Shûji Terayama, et aussi ceux de Toshio Matsumoto. Parmi tous les films vus à l’époque, nombreux étaient ceux que je ne comprenais pas. Mais, dans le Tôkyô de ces années-là, c’était quelque chose de normal. Je dirais même que c’était une condition d’existence sine qua non de toute création artistique qui se voulait importante. Pourquoi ? Parce qu’en se positionnant contre le cinéma établi, ces auteurs sortaient courageusement des sentiers battus, et faisaient de cette exploration de territoires inconnus la matière même de leurs films.
À l’extérieur du cinéma Shinjuku Bunka, le quartier de Shinjuku était en proie à une ébullition révolutionnaire qui s’étendait bien au-delà dans la ville. Dans le chaos ambiant, ma voix rejoignait celle de la foule rassemblée devant la gare, qui manifestait et criait son refus de la guerre. Ces manifestations pour la paix et contre l’armée américaine dégénéraient assez souvent. La circulation des trains était alors bloquée et il y avait même parfois des affrontements directs avec les forces de l’ordre, avec lancements de projectiles et renversements de voitures. Je me souviens tout particulièrement du jour où le poste de police qui se trouvait à une centaine de mètres du Shinjuku Bunka a été complètement détruit par l’explosion d’une bombe. C’était juste avant que l’ATG annonce la production du film L’Extase des Anges (1972) de Kôji Wakamatsu, film qui a précisément pour sujet la question de l’action terroriste. Malgré les pressions insistantes de la part de la police et des médias, le projet est allé de l’avant et l’ATG a produit le film comme prévu. Pour ajouter un petit détail, juste devant ce poste de police, il y avait un autre petit cinéma qui passait alors les films expérimentaux réalisés par Godard du temps de son appartenance au groupe Dziga Vertov.
Lorsque la « révolution » de mai 68 a éclaté à Paris, il faut se rappeler du fait que, contrairement à nos jours, les jeunes, comme le reste de la population d’ailleurs, pouvaient très difficilement se rendre à l’étranger. La majorité des étudiants et des artistes ne pouvaient donc se faire une idée de ce qui se passait à l’étranger qu’à travers le cinéma. Et malgré toutes les difficultés d’accès à l’information, il y avait à l’époque une conviction très forte qui voulait que les révoltes politiques et les expérimentations artistiques qui avaient lieu de par le monde étaient toutes liées, dans un phénomène mondial et synchronique. Il va sans dire que le cinéma défendu et produit par l’ATG répondait directement aux attentes générées par cette conviction.
Journaliste pendant 4 ans. Freelance maintenant. Je fais des traductions pour les projets commerciaux, maisons d'édition et medias.
Ayant expériences dans la presse, publicité et édition, je voudrais bien faire la traduction franco-chinoise pour les projets commerciaux et culturels.